Programme 2018

Séance n°4

Date de mise à jour : 3 octobre 2018

Séance n°4 : Coexistence et confrontation de modèles d’élevage dans les territoires

Le 27 Juin 2018 à Montpellier, Salle badiane Agropolis (1000 Avenue Agropolis, 34000 Montpellier).

Séminaire organisé par Nathalie Hostiou, Marc Moraine, Martine Napoléone, Gilles Martel et Claire Cerdan.

Le projet de séminaire permanent « élevage et développement durable des territoires », vise à caractériser la diversité des formes d’élevage dans les territoires, les conditions de leur coexistence, les arbitrages possibles entre différentes formes d’élevage au sein des territoires et leurs rôles différenciés. Le séminaire vise aussi à débattre des méthodes et approches pluridisciplinaires permettant de mieux comprendre ces liens entre élevage et territoire.
La 4ème séance du séminaire traitera de ces questions en proposant une réflexion sur la coexistence de systèmes d’élevage dans les territoires.

L’inscription au séminaire est gratuite, mais obligatoire.
Ce séminaire pourra être suivi en visio – conférence. Le lien sera envoyé aux personnes inscrites qui en font la demande avant le 22 juin 2018

Thématique : coexistence et confrontation de modèles d’élevage dans les territoires

De nouveaux modèles d’élevage se développent dans les territoires au nord comme au sud. Ces nouvelles formes recouvrent une diversité de systèmes d’élevage : méga fermes industrielles au Sud, mais également en France (le cas le plus emblématique étant la ferme des 1000 vaches), fermes high tech basées sur un fort recours au numérique, fermes en circuits courts et/ou en agriculture biologique, élevages insérées dans des filières qualité (Bleu Blanc Coeur)… Le développement et la mise en place de nouveaux modèles d’élevage dans les territoires questionnent les interactions entre ces modèles. « Nouveaux » modèles ne veut pas forcément dire que ceux-ci n’existaient pas avant dans les territoires mais que les regards sur ces modèles changent et mettent en « lumière » des modèles d’élevage peu visibles jusqu’à lors.
Une diversité de formes de développement existe souvent dans les territoires : de systèmes relativement intensifiés à des systèmes plus traditionnels, avec diverses formes d’accès au marché. Cette diversité est le fruit d’une histoire et d’un contexte, comme des habitudes alimentaires. Ces différentes formes de production et même les différentes filières au sein d’une forme de production ont souvent leurs propres réseaux de conseils, d’échanges de connaissances et de matières favorisant le cloisonnement des filières et des modes de production.
Mais les conditions qui ont prévalu à cette diversité évoluent (changement climatique, développement et concentration de la demande urbaine, globalisation,…). Nous sommes à une période charnière qui induit des changements dans les formes de développement et les interactions entre modèles de production : concurrences, recompositions, hybridations,…
Travailler sur la coexistence et confrontation de modèles d’élevage amène les chercheurs à éclairer la différenciation et la diversité des formes sociales et techniques rencontrées, et à étudier les interactions entre ces modèles dans les territoires, ces interactions pouvant prendre des formes très différentes : conflits, concurrence, coopération,…

Les objectifs du séminaire sont les suivants :

  • Mettre en évidence les processus de différenciation dans les modèles d’élevage « émergents » par rapport aux modèles plus « classiques »
  • Identifier des formes d’interactions entre ces modèles émergents et classiques : hybridations, complémentarités et synergies, mais aussi concurrence et confrontation.
  • Définir les enjeux méthodologiques et les premiers éléments pour analyser de manière systémique et compréhensive les phénomènes de différenciation entre modèles et les formes d’interaction

La plaquette

Le compte rendu

Les présentations

9 h 20 – 10 h 20 : « Sociologie de la coexistence », François Purseigle (Ensat, UMR Agir) (30’ de présentation + 30’ de discussion).

10 h 20 – 11 h10 : Etude de cas : « Echanges de connaissances entre éleveurs aux logiques fourragères différentes », Timothée Petit (Esa d’Angers) (30’ de présentation + 20’ de discussion).

Depuis les années 1990, les prairies constituent un nouvel enjeu en agriculture, au regard de leur multifonctionnalité largement partagée par la communauté scientifique. Objet multi acteur, elles sont aussi au centre de débats dépassant largement l’échelle de l’exploitation agricole. C’est dans ce contexte que ma thèse a porté un éclairage sur les déterminants du maintien des prairies dans un territoire agricole d’élevage péri-urbain (Rennes). Associé à une analyse des trajectoires des systèmes d’élevages sur le temps long, mon travail s’est intéressé à caractériser les conceptions d’éleveurs concernant la conduite du système fourrager, autrement appelé logiques fourragères. Il s’est basé sur l’étude de 15 exploitations laitières sur le temps long au travers d’entretiens avec le ou les chefs d’exploitations. L’analyse des discours a mis en évidence un fond commun partagé par tous ainsi que des variantes qui permettent de distinguer cinq types de logiques fourragères : (i) Herbagers épanouis, (ii) Herbagers mesurés, (iii) Optimisateurs flexibles, (iv) Gestionnaires productifs en recherche de sécurité, (v) Conservateurs indécis. L’étude des interactions entre les éleveurs relevant des différentes logiques fourragères illustre : (i) la coexistence d’une diversité de manières de penser les prairies dans les exploitations, et (ii) les partages de connaissances qui s’opèrent au sein des réseaux professionnels plus ou moins formalisés, contribuant à des transformations des logiques fourragères et des processus d’hybridation de pratiques dans les exploitations. L’identification de ces types de logiques fourragères et des interactions qu’elles entretiennent interroge sur la manière d’accompagner la diversité des agriculteurs selon leur manière de penser et de faire dans les exploitations et les territoires.

La vidéo :

11 h 30 – 12 h 10 : Etude de cas : « Patrimoine, tourisme et agriculture, quels enjeux pour les habitants des Hauts de l’île de La Réunion? », Estelle Laboureur (Cirad, UMR Selmet)(30’ de présentation + 20’ de discussion)

Historiquement agricoles, les « Hauts » du sud de l’île de La Réunion sont actuellement au coeur d’enjeux socio-économiques et politiques. Les différents contextes de reconfigurations institutionnelles et le décret d’une gouvernance renouvelée sur la période 2014-2020 amènent les habitants à adopter des logiques de négociation et de compromis pour redéfinir leur existence. Les pratiques de l’élevage bovin s’inscrivent dans ces dynamiques d’adaptations et d’hybridations, face aux mutations territoriales depuis les années 70. Dans le contexte pluriel réunionnais, ces processus reposent sur trois forces conjointes et indissociables : l’acculturation, la créolisation et la réinvention culturelle. En m’appuyant sur cette grille de lecture initiée par Christian Ghasarian, je proposerai au cours de cette communication d’interroger la place des habitants, des éleveurs plus particulièrement et des réseaux d’acteurs dans la construction des territoires.

La vidéo :

13 h 30 – 14 h 10 : Etude de cas : Travailleur, paysan puis entrepreneur ? Réforme foncière et changement agraire dans le Saïss (Maroc), Olivier Petit (Université d'Artois, Lille) avec la contribution de Marcel Kuper (Cirad), Fatah Ameur (IAV Hassan)(30’ de présentation + 20’ de discussion).

La thématique de la coexistence des modèles agricoles est examinée dans cette communication à partir de l’étude des transformations récentes de l’agriculture irriguée dans la plaine du Saïss au Maroc. Depuis une dizaine d’années, suite à la libéralisation du foncier dans les anciennes coopératives de la réforme agraire, au développement corrélatif de l’accès aux eaux souterraines profondes, et sous l’impulsion du Plan Maroc Vert, on assiste à des mutations importantes qui se manifestent de différentes manières. Nous nous focalisons ici sur le rôle central joué par les jeunes agriculteurs, qui passent aisément d’un modèle agricole à l’autre (capitaliste, entrepreneurial, paysan) et qui sont conduits, par des mécanismes d’apprentissage, d’imitation et d’adaptation, à expérimenter sur les terres de leurs parents, une forme d’agriculture entrepreneuriale. Nous confrontons les logiques et les pratiques de ces trois modèles agricoles et les itinéraires contrastés des différentes catégories d’acteurs opérant sur les terres de ces anciennes coopératives. Nous soulignons en particulier les risques auxquels sont confrontés les jeunes agriculteurs, attirés par le chant des sirènes de l’entrepreneuriat, mais qui font face à des ressources (financières, productives et humaines) limitées, qui les amènent à expérimenter des formes d’hybridation entre un modèle paysan et un modèle entrepreneurial.

La vidéo :

14h45 – 15h30 : « Faire recherche sur la coexistence de modèles : diversité des regards de chercheurs », Sandrine Petit (Inra Sad, UMR Cesaer), Nathalie Hostiou (Inra SAD, UMR Territoires), Hélène Tallon (UMR Innovation), Pierre Gasselin (Inra Sad, UMR Innovation) (20’ de présentation + 20’ de discussion).

La coexistence et la confrontation des modèles agricoles et alimentaires est une thématique d’actualité dans le champ professionnel et politique mais qui reste peu instruite dans la recherche. Croisant les observations du Nord et du Sud et à l’écoute des préoccupations de professionnels agricoles, le département SAD a souhaité mettre en avant la coexistence et la confrontation de modèles agricoles et alimentaires comme une priorité stratégique de sa programmation 2016-2020. Pour contribuer à cartographier les recherches sur le sujet, des entretiens ont été réalisés auprès de 19 chercheurs d’unités de l’Inra-Sad. Puis une analyse transversale de ces 19 portraits a été menée en mobilisant une grille d’analyse. Nous préciserons d’abord les termes de modèles et de coexistence. Puis nous montrerons que la coexistence est au coeur des recherches de certains chercheurs depuis longtemps, alors que, pour d’autres, le thème est émergent et encore incertain. S’ils étudient une diversité d’objets en mobilisant des cadres théoriques et disciplinaires variés, tous soulignent la nécessaire interdisciplinarité. Le terme de la coexistence prend des sens différents selon les chercheurs. Certains soulignent la nécessité d’y accoler « confrontation » notamment quand il y a des enjeux politiques, parfois source de conflits et de lutte. D’autres préfèrent utiliser des termes voisins (co-présence, cohabitation, etc.). Certains chercheurs préfèrent se passer de la notion de modèles, ou utiliser des concepts avec lesquels ils sont plus à l’aise dans la recherche (formes, types, systèmes, etc.). Ce tour d’horizon ouvre des perspectives sur pourquoi et comment faire recherche sur la coexistence de modèles agricoles et alimentaires.

La vidéo :

Date de mise à jour : 3 octobre 2018