Programme 2019

Session n°7

Date de mise à jour : 21 décembre 2022

Session n°7 : « La place de l’élevage dans les systèmes alimentaires et agro-alimentaires »

Date : Le 22 octobre 2019 - Lieu : Clermont Ferrand, Amphithéâtre d’AgroParisTech

Plan d'accès campus des cezeaux (596 Ko)

En duplex avec la Réunion - Lieu: St Pierre, CIRAD Pôle 3P, salle 1 visio (11h- 18h30)

Séance organisé par : C. Cerdan (Cirad), J.P. Choisis (Inra), M. Houdart (Irstea)

Introduction

Cette session propose de poursuivre les échanges scientifiques et techniques sur les relations entre élevage et territoire en analysant la place de l’élevage – dans ses dimensions organisationnelles, sociales et symboliques - dans les systèmes alimentaires.

Les systèmes alimentaires ont été définis comme « la façon dont les hommes s’organisent, dans l’espace et dans le temps, pour obtenir et consommer leur nourriture » (Malassis, 1994). Cette caractérisation du système alimentaire par son mode de production, de consommation et d’organisation, dans une perspective historique et territoriale, fournit un cadre d’analyse très pertinent, parfaitement en phase avec les préoccupations contemporaines du développement durable.

Les travaux sur l’évolution des systèmes alimentaires montrent que l’élevage a été un puissant moteur de développement (Rastoin et Ghersi, 2010). Son caractère multifonctionnel (force de travail, transport, production d’aliments (viande, lait, fromage), de laine et de cuir, fumier) a contribué à la colonisation de nouvelles terres agricoles, au transport des produits et à la dynamisation des économies paysannes. L’élevage a façonné les pratiques traditionnelles, les valeurs et les paysages de nombreux peuples. Il est souvent qualifié de « la richesse des pauvres » (Duteutre et Faye, 2009) et contribue à la vitalité d’espaces ruraux contraints par leurs conditions climatiques ou pédologiques.

C’est aussi un puissant témoin des grandes transformations agricoles observées depuis l’après-guerre. La modernisation de l’agriculture et l’émergence de modèles agricoles agroindustriels se sont traduits par une spécialisation des systèmes d’élevage, l’intégration des filières animales (volailles, porc), avec son corolaire sur la production d’aliments pour le bétail, la concentration des chaines d’approvisionnement des marchés urbains, l’internationalisation des échanges. En 30 ans, le commerce international des farines augmente drastiquement passant de 70 millions de dollars en 1985 à 3,3 milliards de dollars de nos jours (Rastoin et Ghersi, 2010).

La critique du système alimentaire agro-industriel affecte particulièrement l’élevage. Accusé d’avoir des impacts négatifs sur l’environnement, en particulier le changement climatique, et sur l’alimentation humaine (production de soja au détriment de cultures à vocation alimentaire), la nutrition et la santé des consommateurs (crise sanitaire, ESB), les systèmes d’élevage et les systèmes alimentaires qui lui sont associés sont fortement remis en cause. Ces critiques contribuent à la reconnaissance d’alternatives et transforment le métier d’éleveur, les pratiques d’élevage et de façon plus globale le système alimentaire mondial qui repose sur la coexistence d’une pluralité de modèles de développement. Les initiatives autour de la relocalisation et la reterritorialisation de l’alimentation portées par les collectivités territoriales (les Projets alimentaires territoriaux, les Systèmes alimentaires territorialisés), les mouvements sociaux autour du bien-être animal ou le véganisme contribuent fortement à ces évolutions et conduisent à nous interroger sur les évolutions des systèmes alimentaires dans les pays du nord et du sud et surtout de la place et du rôle de l’élevage dans ces transformations. A l’inverse de l’évolution antérieure, qui allait dans le sens d’une spécialisation à la fois des systèmes d’élevage et des acteurs de la transformation et de la commercialisation, on assiste aujourd’hui à une diversification des systèmes d’activités et des acteurs associés à la définition de l’élevage qui convient. Il ne s’agit néanmoins pas d’un remplacement mais bien d’un processus d’hybridation entre globalisation et territorialisation qui s’exprime différemment selon les territoires (Lasseur et al., à paraître).

Cette session entend discuter les enjeux autour de l’élevage et de sa contribution dans la recomposition des systèmes alimentaires. Nous invitons les intervenants à interroger l’évolution de la demande et les conséquences et interactions avec les sociétés rurales et les territoires ; les enjeux de sécurité alimentaire, les solutions mises en œuvre face au changement climatique, environnemental et énergétique et le renouveau des politiques agricoles, rurales et alimentaires, leur mise en œuvre à différentes échelles.

Références citées

Duteurtre G., Faye B., 2009. L’élevage, richesse des pauvres. Stratégies d’éleveurs et organisations sociales face aux risques dans les pays du sud. Paris, Quae.
Lasseur J., Bonaudo T., Choisis J.-P., Houdart M., Napoléone M., Tichit M., Dedieu B. (2019). Élevage et territoires : quelles interactions et quelles questions ?. INRA Productions Animales, 189-204. https://doi.org/10.20870/productions-animales.2019.32.2.2504
Malassis L.,1994. Nourrir les hommes, Paris.
RastoinJ.-L., Ghersi G., 2010. Le système alimentaire mondial: Concepts et méthodes, analyses et dynamiques. Paris, Quae.